samedi 21 décembre 2013

Photo virtuelle

J'ai beaucoup de mal à sortir mon appareil photo en ce moment, pour plusieurs raisons... Mais la plus grande c'est que la vie m'apparaît actuellement uniquement vivante dans le mouvement... et moi, je bouge très peu, bloquée dans un corps un peu lourd de changements multiples.

Quand je sors au soleil, quand je vois les magnifiques sourires s'ouvrir, les femmes aux saris multicolores debout sur les murets en train de cueillir leurs fleurs, les grands-pères qui s'amusent avec leurs petites filles sur les genoux, juste une ficelle aux fesses, les hommes se laver devant l'océan dans leurs baquets en ferraille, les pêcheurs qui dénouent leurs filets le long de la route, les chiens qui dorment sur les tas de sable ou se traînent lamentablement au milieu des routes avec une, voire deux pattes cassées, la vache prête à vêler qui bloque toute la circulation, les routes trouées qui font se croiser sur dix centimètres de large les piétons pieds nus, les vélos écaillés, les motos portant une famille tout entière au retour de l'école, les rickshaw à pédales bleu et vert enrubannés de fleurs rouges aux toiles déchirées, le tout enrobé dans une odeur de détritus, un nuage de sable rouge, une symphonie de klaxons et de marteaux piqueurs... je n'arrive tout simplement pas à comprendre comment une photo pourrait donner la dimension de l'effervescence qui me submerge pour le meilleur et pour le pire. Je ne veux pas voler la vie. Pourtant parfois... mais ça devient plus rare... comme un besoin de prouver que je ne vis pas en huis-clos avec moi-même aux gens d'ailleurs... Je suis partie: "tu veux voir les photos?"... Mais les mots, les mots, les émotions qui ressurgissent en racontant, les mouvements qui reviennent... tout ça, ce n'est pas mieux à partager? Et si tu veux voir et entendre, et sentir cela ou à ta manière... FLY!

Alors je mémorise tout, au moindre détail... j'aurais envie de partager ce que je vois, ce que je ressens de magique parfois, mais j'ai tant besoin de laisser vivre les gens dans un quotidien qui ne sera jamais le mien, que je n'arrive plus à croire que ce que je donnerai à voir permettra à ceux qui verront de s'imaginer ce que c'est que rester plusieurs mois ou plus dans un même endroit en acceptant de ne pas y faire grand chose, sauf de se glisser un peu dans ce quotidien sans le prendre pour sien, sans le phagocyter pour ensuite l'occidentaliser.

Ma vie est petite en ce moment dans les temps et les espaces de rencontre: me nourrir... de tout...de rien surtout... le plus dur à accepter... 

Oui, le temps se dilate... diaboliquement... y-a-t-il un temps indien? Combien de temps l'été indien dure-t-il? Où sont passées les minutes et les secondes? L'effroyable répétition du quotidien oblige à chercher en soi ce qui peut germer et créer... 

En attendant, je continue mes coconuts parties, mes papayes ( j'en ai une overdose tous les soirs) et mes jeux de couleurs... J'ai volé deux images à un enfant... j'ai eu honte en les faisant...



Aujourd'hui j'étais Miss Blue! 


Et bien, ça m'a complètement endormie... j'ai remis mon vieux tee-shirt orange ce soir...Histoire de passer encore ma nuit en feu... à travailleur sur mon bureau, de nuit comme de jour, tout en étant peu productive tout de même... pourrait mieux faire!



Je me sens ailleurs qu'ici... Mais nulle part au final...encore dans un entre-deux lieux... incertain

Mais je progresse, j'en suis sûre...car je vis, et j'ai envie de continuer...et que ça continue ...







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