jeudi 21 novembre 2013

Journée Raw food

Mardi, le bus pour Auroville a décidé de ne pas passer: j'avais ma journée Raw Food avec Anandi qui commençait à 9h, j'étais bien embêtée.

Heureusement, une japonaise m'avait abordée et quand les conducteurs de rickshaws ont commencé à me harponner pour m'emmener, non seulement j'ai réussi à bien négocier, mais en plus j'ai sollicité ma voisine pour que l'on partage le trajet.

Cela dit, ça m'a quand même coûté trois fois plus cher...

Mais je suis arrivée à l'heure, sans marcher et du coup sans me perdre mais heureusement que j'avais la carte des lieux car le pilote s'élançait sur les routes de latérite sans connaître le trajet. Je l'ai aiguillé sur la fin tout en commençant moi-même à me repérer pour la prochaine fois.


Nous étions 4 pour la formation: une autre Française, une Norvégienne, et une Indienne d'Auroville mais venant de New Delhi. 

Anandi a commencé par parler de son parcours, ce qui l'a menée à la raw food, mais surtout à l'indépendance et à la joie après un début de vie qui l'a portée vers la spiritualité et l'art grâce à ses parents. Ils la nourrissaient déjà quasiment exclusivement de fruits et notamment de ces fameuses bananes si riches en dopamine: motivation au biberon!

Petite, elle n'avait pas de jouets, elle allait au temple et tapie dans son coin, elle restait fascinée des heures par les rites, les statues, les chants... son bonheur fut de partager des moments avec l'éléphant du temple qui recevait de la part des dévots, 80% de cru et malheureusement 20% de cuit.

Ses parents l'ont habituée dès son plus jeune âge à chanter des mantras avant de cuisiner et avant de manger: le corps comme le mental devaient être purifiés.

Très tôt, elle a compris que la nourriture était un art très sensible qui concentrait toutes les émotions et l'énergie ultérieure pour celui qui la consomme.

On apprenait dans les familles, 400 recettes aux filles pour que le mari plus tard " n'échappe pas"...
La nourriture devait à chaque fois être offerte au Divin. Le cuit avait un symbole de purification bien souvent avant d'être un "agré-MENT" du palais...

A l'âge de 21 ans, elle a rencontré Mother qui à l'époque en avait 73 ans: ce fut pour elle une révélation de l'amour qui vivait en elle.
Mariée, elle avait pris un statut déjà de femme d'entreprise mais elle était malheureuse. Elle a donc quitté son mari ce qui était dans la religion hindoue bien entendu très grave. Son mari l'a menacée du pire bien sûr, mais lui a surtout "pris" ses enfants...qu'elle a retrouvés plus tard. Elle a quitté les souliers de la femme traditionnelle, fortifiée par la force de Mother, mais surtout du Divin qui la protégeait envers et contre tout.

Elle est partie vivre à Auroville et pour elle, tout était doué d'une force incroyable, d'une énergie phénoménale et elle était HEUREUSE.
Elle a commencé à joindre et à contribuer au développement de l'unité de production de la nourriture biologique. Ça a mis 10 ans: comme certaines graines qui restent en terre et ne percent au jour qu'au bout de longues années...

Elle a commencé aussi en faisant des erreurs dans l'alimentation crue, et a compris le risque des carences qui menaient souvent au mal être intérieur. Elle a eu l'opportunité de rencontrer Gabriel Cassen, un américain, adepte du cru et formateur. Il l'a invitée 10 semaines en Arizona pour la former.

Elle a ressenti un certain jour, la Kundalini ( la Force Vitale intrinsèque), se réveiller et l'emporter dans un état assez ineffable tant l'Amour et la Félicité qui ont jailli en elle étaient immense et hors limites physiques. Depuis ce jour, elle a pu sentir toutes les énergies cosmiques qui ne se sont jamais plus éteintes en elle, la protégeant de jour comme de nuit dans sa réalité quotidienne.

Tout cela pour préciser que le cru seul ne rend pas heureux, mais qu'il développe une ouverture sur les vibrations subtiles, psychiques, spirituelles qu'il importe de développer sans aucune mesure...
Les enseignements de la kundalini s'opposent à ceux de l'ego: s'ils secouent au départ, ils sont une immense force qui ouvre à l'Unversalité et à l'Amour Absolu et inconditionnel.
C'est ainsi que se nimbe tout acte de cuisiner des aliments donnés par la Nature et non détruits par la cuisson qui emporte avec elle, énergie, enzymes et tant d'autres nutriments essentiels à la vie cellulaire et au maintien de la vie telles que les vitamines, oligo-élements, minéraux...

Anandi, s'est sentie totalement différente depuis cette puissante Vibration, que ce qu'elle était auparavant.
De bons changements physiques se sont alors opérés en elle, la fatigue a disparu, elle a su suivre les mouvements divergents du quotidien avec une souplesse soutenue par la pérennité de l'ensemble guidant au-dessus du visible. 

Peu importe que l'expérience soit bonne ou mauvaise: la vie doit se recevoir dans ses différentes faces comme des temps de même importance. 

Avant, elle mangeait pour se faire du bien: un jour son mari lui avait demandé pourquoi elle mangeait tant. Elle lui a répondu: "parce que je cherche l'amour que je n'ai pas." 

Elle nous a expliqué qu'après elle a compris, que si on cherche l'amour à l'extérieur de soi, on passe non seulement à côté des autres, mais surtout on compense par d'autres choses et notamment la nourriture. L'Amour est en soi, lové inconditionnellement.

L'alimentation cuite dans la recherche de l'amour extérieur est totalement addictive. L'alimentation crue en revanche distille l'amour: la chlorophylle porte en elle, l'énergie, la luminosité et pour tout, la stabilité.
Les quantités de sucre consommés pour "apaiser" sont évidemment aussi addictif, et comme je l'avais vu en Naturopathie, créent des pontages glycosylés  entre les bases de Shift au niveau du cerveau qui en devient friant. 

A ce moment de présentation, évidemment, je pensais à mes propres troubles alimentaires qui me pourrissent le corps et l'âme depuis plus de 26 ans... quand...la petite norvégienne a explosé en sanglots! J'ai ressenti une totale empathie et incroyablement, mes mains sont parties seules sans ma volonté de saisir les siennes et j'ai fermé les yeux; Un silence magnifique a entouré la table, plein de compassion, d'amour, et une énergie puissante a traversé nos mains... larmes de purification... le corps qui "lâche" ce qui rend si vulnérable et tellement impuissant sans ces ouvertures...

Instant d'intense émotion partagée... nous nous sommes toutes données la main, la chaleur des doigts était incroyable... puis doucement la discussion a repris.

En aucun cas le bonheur, la sérénité doivent être recherchés comme un projet pour ceux qui se mettent à l'alimentation crue. Il faut être confiant: ils arriveront non pas en projet, mais comme conséquence.

Chacun est maître de ce qu'il est. Nul autre que soit est maître en son domaine, l'autre peut être un guide mais chacun reste seul décisionnaire de ce qui est bon pour soi.

L'alimentation crue rend plus intuitif, donne plus de capacité à répondre à ses besoins.

Mais, il y a une mémoire engrangée, une culture, des rites, et des envies qui reviennent... persistent... et il faut dans l'amour de soi continuer à être heureux même si l'on déroge à une règle qui n'est règle que si on se l'impose. Alors, si pour un mariage, une soirée, on mange du cuit et bien peu importe, l'énergie et les vibrations dans le champ créé qui ne repartira pas s'il est sincère, ne seront pas rompues...

Et en aucun cas dans le parcours on ne peut interférer sur les choix d'autrui...

Temps de méditation...de réflexion... silence dans les "Aum", le son primordial à nouveau chanté ensemble...

Puis, nous sommes passées au concret d'abord par la présentation de la pyramide de l'équilibre qui me convient mieux que le 80/10/10 " à la mode" avec un bon risque de carences et de frustrations...

Donc bas de la pyramide: les feuilles vertes, ensuite les fruits qui sont de l'énergie pré-digérée et quelques fruits secs toujours trempés. Les smoothies verts entre ces deux paliers sont à intégrer en bonne quantité. Ensuite, les autres végétaux, y compris les pommes de terre - exclues souvent de pas mal de crudivores...
Pour le maximum d'enzymes et de nutriments, viennent ensuite les graines germées, également souvent exclues de bon nombre de crudivores en raison de leur trop forte concentration en acides aminés et pour des raisons que je ne juge pas très probantes à l'aune de mes connaissances... à discuter et chacun encor une fois reste maître chez soi mais de toute façon, on arrive au sommet de la pyramide et ça reste donc des quantités à ne pas comparer avec celles demandées pour les feuilles vertes. Ensuite viennent les graines, noix notamment celles riches en omega 3 ( chia, lin, noix) mais aussi de tournesol, pistaches, sésame, noix du brésil, de potiron... puis les algues: j'ai été ravie que mon dada ne soit pas oublié!, puis tout en haut, tout mini la nourriture fermentée: je pense là au tamari par exemple, quelques procédés de conservation des légumes... encore une fois, il ne s'agit pas d'en abuser si on respecte la base présentée.

Les noix, graines, fruits secs sont plus digestes trempés 4- 7 heures, mais dans le cadre de certaines recettes un mix de sec peut être ajouté, y compris ponctuellement lors de déplacements à l'extérieur comme au cours d'un voyage, d'une longue activité sportive...

Nous avons pas mal échangé autour de l'importance des acides gras essentiels pour justement absorber les vitamines liposolubles et ne pas se retrouver en carence pouvant entraîner des troubles hormonaux importants et osseux. Nous étions vraiment sur la même longueur d'ondes et ça ouvrait pour moi une palette bien plus riche et frustrante que celle à laquelle j'essayais de m'accrocher en commençant je l'avoue à déraper et à décrocher...

Il est aussi important notamment la première année du changement surtout si on est d'emblée dans le 100% cru sans produits animaux, de se supplémenter en B12 en fonction des analyses, et par la suite de vérifier ponctuellement le taux. Car tout le monde n'a pas eu encore la restauration nécessaire des intestins et autres fonctions créatrices de l'organisme pour produire soi-même encore ce que le corps est sensé pouvoir faire dans une santé parfaite. A bon entendeur: il n'y a pas de miracle, il faut bosser sans perdre la foi, mais ne pas se prendre pour Dieu non plus en quelques mois!

Sa B12, elle la commande ici: CLIC

Je n'ai pas pu prendre de photo de la pratique car Anandi est vraiment une femme d'entreprise certainement par hypercompensation de sa vie non indépendante d'avant et donc, tout est prévu, DVD, photos, mais il faut...payer en plus... Bon, c'est comme ça. Moi j'ai vu, c'était plus pour partager avec ceux qui n'y sont pas...

Voici les recettes que nous avons faites et déguster après à nouveau un temps de recueillement et d'énergie captée en rond, main dans la main.

  • Tarte dates graines de tournesol à la courge, gingembre, cannelle et cardamome.
  • Lait végétal de noix de coco, sésame puis transformé avec du cacao cru, des dates trempées et de la vanille en poudre en smoothie à se rouler par terre!
  • Soupe crémeuse reprenant le lait de coco aux carottes, poivre et graines de fenouil dans laquelle j'ai mis en décoration des ladyfingers pimentés déshydratés à la place des sacro-saints mauvais croutons...
  • Hummos de pois chiches germés au sésame, citron, cumin et curcuma...miam
  • Sauce de salade: menthe, poudre de graines de lin, citron et banane.
  • Taboulé de chou-fleur aux trois poivrons et à la grenade avec quelques graines.
  • Crackers déshydratés graines de lins, carottes et pulpe de carotte et ajowan ( origan puissance mille!). 
  • Pain aux graines de lin, pulpe de coco, épinards, betterave, courge.
  • Falafels aux pois chiches germés, amandes, noix, coriandre, cumin, asa foetida et sésame.

Appareils utilisés: vitamix 5200, robot culinaire traditionnel avec broyeur de graines, moulin à café détourné, déshydratateur à 9 clay Excalibur et huile de coude.

Ce sont toutes les recettes sur la journée mais nous avons fait une pause pour déguster notre repas sans connaître le goût des crackers du jour et du pain qui nécessitaient des heures de déshydratation à basse température. Mais nous avions d'autres crackers très bon. Cela dit, j'avais préféré le repas de la semaine dernière avec les pâtes de carottes et de courgette agrémentées d'un pesto fabuleux. Mais j'ai préféré la soupe de carotte du jour à la soupe de concombre de l'autre fois alors je donne la même note: pas parfaite, car je trouve qu'elle a la main lourde sur le sel et j'aurais allégé la base de la tarte que je trouve trop sucrée même naturellement, avec une courgette mixée ou autre légume plus neutre... je le ferai chez moi, je verrai. mais bon, là je fais la fine bouche!


rappel de la semaine d'avant



Voilà pour cette journée.

Mon ami de la Guest House, l'italien-turc, est venu me prendre in extrémis avec sa moto à l'arrêt de bus où j'avais été emmenée sur une mobylette par une serveuse du restaurant en manquant de tomber à chaque trou dans la route, car mon sac était blindé de bons légumes achetés ce jour-là ainsi que de bouteilles de kombucha fait maison par Anandi, qui devient ma boisson du matin avec un jus d'herbe de blé que je fais hélas avec de la poudre. 

Au lieu de rentrer directement, malgré le poids me déséquilibrant sur la moto, nous sommes restés sur Auroville jusqu'à la nuit car mon copain est très bavard, connaît plein de monde car il vient depuis plus de 27 ans. J'ai été dans une maison de l'un des "boss" d'Auroville, un petit palais planqué au fond d'un chemin de verdure: magnifique conception sur une base architecturale Tamoul. Par contre, sa femme est très malade, malaria, dysenterie, très affaiblie, donc je vais y retourner très prochainement avec quelques idées pour l'aider... si possible...Puis pour les revoir car très intéressants et gentils.
 Le retour nocturne sans casque m'a un peu effrayée je l'avoue mais nous sommes passés par des routes dérobées qui évitent malgré tout de trop se confronter à ce que l'on nomme ici " la Route de la Mort".

Je suis revenue...Pleine et Vidée à la fois...Je suis aussi réinvitée dans la communauté d'Auroville de l'indienne qui a partagé aussi ce temps de cours et avec laquelle j'ai aussi sympathisé. Je précise que sur 4 personnes, pour une fois, je suis la seule à ne pas avoir pleuré! Youpiii! Mais j'ai vraiment vu que les difficultés alimentaires empoisonnaient la vie de beaucoup et que la renaissance était vraiment recherchée. Les indiens du jardin m'ont aussi sollicitée pour un cours de cru car ils commencent à s'y intéresser à force de me poser des questions et de recevoir les réponses que je leur donne. Ils ne peuvent passer outre le fait qu'ils sont pour la plupart malades de leur alimentation pourtant si excitante pour les papilles, le nez et le cerveau...Cela dit, j'avoue moi aussi patiner face aux changements que cela occasionne chez moi, les effets notables de détoxination, les incitations de mes cellules encore droguées de passé et le manque d'outils pour préparer smoothies et jus...

Le lendemain, je suis allée dans mon autre restaurant cru de Pondicherry où j'ai commandé plus simplement une salade de légumes émincés, une dosa crue aux graines de lentilles ( pas très appétissante mais super bonne!), et une soupe crémeuse gingembre ail comme la première fois donc je n'ai pas refait de photo de cette dernière.
On dirait de la chair à saucisse!



Le tout avec en apéro, toujours ma noix de coco fraîche du jour. Parfois c'est comme ça, j'ai la flemme de cuisiner dans ma chambre. J'ai même complété l'ensemble avec deux petits laddus: un gâteau cru aux feuilles de brahmi très bonnes pour la circulation du cerveau, et un autre aux trois épices, cajou et pistaches.

Bon, petite point pour clôturer cet article: je ne vous dit que ce qui peut vous faire envie dans mes aventures, mais j'ai aussi les moments plus âpres où je me débats pour ne pas me laisser submerger par les vagues engrammées dans ma mémoire et dans mes cellules: changer les connexions demande du temps et un gros travail sur soi.

A ce propos, je conseille la lecture du magnifique livre de la neuro-anatomiste Jill Bolte Taylor: Voyage au-delà de mon cerveau. Je vous laisse découvrir par vous-même les raisons de l'incitation à cette lecture.

A l'âge de trente-sept ans, la neuro-anatomiste Jill Bolte Taylor se réveille un matin avec une douleur aiguë à l'intérieur du crâne. Elle est victime d'un grave accident vasculaire cérébral (AVC). Une hémorragie s'est déclarée dans son hémisphère gauche. Lorsqu'elle se réveille muette et paralysée sur son lit d'hôpital, une étrange euphorie l'habite. Les limites de son corps semblent s'être dissoutes. Seul son hémisphère droit fonctionne, la plongeant dans un état quasi mystique. Après huit ans de rééducation durant lesquelles il lui a fallu réapprendre à parler, à lire et à bouger, elle est entièrement guérie.
Dans Voyage au-delà de thon cerveau, le Dr Jill Bolte Taylor nous livre un formidable message : notre cerveau possède une plasticité exceptionnelle et, en son coeur, réside une " paix éternelle " à laquelle nous pouvons tous avoir accès.


Je finis par une citation extrait de son livre que je termine- transformée encore par une lecture- aujourd'hui:

" Remerciez vos cellules de leur efficacité, et, rappelez-vous, comme le dit mon amie le Dr Kat Domingo, que "l'éveil ne résulte pas d'un apprentissage mais au contraire, d'un désaprentissage de ce que l'on croit savoir." "

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