Bhagava Gita
Extrait troisième chapitre (traduction Sri Aurobindo)
En ce monde, double est l’effort de l’âme sur elle-même (par
lequel elle entre en la condition brahmique), comme Je l’ai dit déjà, ô toi
sans péché : celui des samkiens par le yoga de la connaissance, celui des
yogins par le yoga des œuvres.
Ce n’est pas en s’abstenant des œuvres, qu’un homme jouit de
la non-activité, ni en renonçant, seulement (aux œuvres) qu’il parvient à sa
perfection. (réalisation de sa discipline de soi par le yoga : siddhi)
Car nul ne demeure même un instant sans action ; tout
être est inévitablement contraint à l’action par les modes nés de la Prakriti.
Celui qui maîtrise les organes de l’action, mais continue en son mental à se rappeler les
objets des sens et à s’y attarder, celui-là s’est égaré avec de fausses
conceptions de la discipline de soi.
Celui qui, Ô Arjuna, maîtrisant les sens par le mental, sans
attachement s’engage avec les organes de l’action dans le yoga de l’action, celui-là excelle.
Accomplis l’action (telle que Je te l’ai) prescrite, car l’action est supérieure à l’inaction ;
même ta vie physique ne saurait se
maintenir sans action.
(…)
Nourris par le sacrifice, les dieux te donneront les joies
désirées ; celui qui jouit des joies qu’ils donnent, et ne leur a rien
donné, celui-là est un voleur.
Les bons qui mangent ce qui reste du sacrifice sont délivrés
de tout péché ; mais ceux-là sont
des méchants et jouissent du péché, qui cuisent les aliments par eux-mêmes.
De la nourriture naissent les créatures, de la pluie naît la
nourriture, du sacrifice naît la pluie, le sacrifice est né du travail ;
le travail sache-le, est né de Brahman, Brahman est né de l’Immuable ; c’est
ainsi que Brahma qui tout pénètre est établi dans le sacrifice.
Celui qui ne suit pas en ce monde la roue ainsi mise en
mouvement, mauvais est son être, sensuelles sont ses délices ; en vain, Ô
Pârtha, vit cet homme.
(…)
Aussi sans attachement fais toujours l’œuvre qui doit être faite (pour
le bien du monde, lokasangraha) ; car, en faisant l’œuvre sans
attachement, l’homme atteint au suprême.
C’est par les œuvres même que Janaka et les autres
atteignirent la perfection. Et aussi pour maintenir ensemble les peuples il te
faut faire des œuvres.
Quoi que fasse le
meilleur d’entre les hommes, les hommes d’un niveau inférieur le mettent en
pratique ; le modèle qu’il crée, l’humanité le suit.
(…)
De même que ceux qui ne savent agissent avec attachement à l’action,
celui qui sait doit agir sans attachement, ayant pour mobile de maintenir
ensemble les peuples.
Il ne doit point
jeter le trouble dans l’entendement des ignorants attachés à leurs œuvres ;
il doit les engager dans toutes les actions, qu’il accomplit lui-même avec
connaissance et en yoga.
(…)
Quant à ceux qui sont égarés par les modes et ne connaissent
pas l’ensemble, que celui qui nconnaît l’ensemble,
ne trouble pas leurs conceptions
mentales.
(…)
Toutes les existences
obéissent à leur nature ; à quoi bon la forcer ? Même l’homme qui
sait agit selon sa propre nature.
(…)
Mieux vaut (pour
chacun) sa propre loi d’action ( svadharma), même imparfaite, que la loi d’autrui,
même bien appliquée. Mieux vaut périr dans sa propre loi ; il est
périlleux de suivre la loi d’autrui.
(…)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire