dimanche 13 octobre 2013

Ram Puja in the Garden

Ce matin, j'ai sauté sur mon vélo pour aller rejoindre la maison de la responsable du Jardin derrière le Temple Arulmigu Manakula Vinayagar. J'ai été impressionnée en poussant le portail de la beauté de cette immense maison à la fois coloniale et tamoule! Des colonnes de plus de 5 mètres de haut font le tour d'un patio qui mène dans une magnifique salle avec parquets, entourée de murs avec de belles moulures. L'ameublement était aussi d'un confort et d'une qualité que je n'avais pas encore vus ici, surtout chez des ashramites. J'ai donc un peu questionné et l'on m'a expliqué que la maison avait été achetée par le grand-père de cette personne pour l'ashram. Tant que les descendants sont sur place, ils sont chez eux, mais s'ils venaient à quitter les lieux, cela devient une propriété de l'ashram. Un peu comme à Auroville finalement.

L'enseignant de Sanskrit qui dirige les pujas le jeudi au jardin, est arrivé vêtu de blanc, les bras nus, très respectable. Les femmes étaient toutes en magnifique sari, bien maquillées pour certaines et portant des bijoux. Les quelques blancs qui étaient présents sont tous des personnes qui s'installent progressivement sur Pondichery au service de l'ashram et quelques membres de leur famille. Je me suis sentie très honorée d'avoir été invitée dès le premier jour de mon retour.

Le chauffeur qui devait nous amener au jardin étant introuvable, on nous a offert une verre d'eau fraîche qui m'a revigorée vue la chaleur extérieure ces jours derniers. J'ai profité aussi un peu de la climatisation!

Kirandi, la maîtresse des lieux nous a réexpliqué brièvement les tenants et aboutissants de cette puja qui allait avoir lieu en l'honneur de Râm qui n'est autre qu'un avatar de Vishnou dans la religion hindoue. C'est son histoire que l'on peut suivre dans le Ramayana. Avant d'atteindre le Sri Lanka pour récupérer sa femme qui avait été faite prisonnière, il aurait fait lui-même une puja ( appel au forces divines ritualisé), en déposant les armes autour de l'autel. Sa mémoire est surtout pratiquée dans l'Inde du Sud: ici au jardin, ce ne sont pas des armes qui seront déposées mais les outils divers utilisés au jardin.
Je fais évidemment un raccourci, j'invite chacun à découvrir l'histoire de Ram qui est passionnante et incarne l'évolution mentale de l'homme.

Ces histoires, dans le bus rejoint au bout de quelque temps passé discuter très agréablement, ont débouché pour ma part sur un merveilleux échange avec un italien ashramite autour de l'histoire de la Bhagavad Gita dont je pense parler très prochainement pour un peu en expliquer l'histoire qui est souvent difficile à suivre si l'on ne s'est pas plongé dans le Mahabharata

Chaque jour j'apprends de nouveaux enseignements avec des explications vivantes, claires, appuyées sur des réalités et j'en suis comblée. En effet, ces écrits ne restent pas théoriques pour la plupart en Inde, mais servent bien de conduite au quotidien et donnent un éclairage sur les nombreux rites que l'on voit partout en ville et que bien souvent, en simple touriste on ne comprend pas fondamentalement. On regarde cela, c'est beau, ça touche, ou ça énerve par la répétition et hop, on passe à autre chose. Mais au final, quand on cherche à comprendre c'est d'une richesse incroyable surtout si l'on cherche aussi à mieux se comprendre. Ici beaucoup de textes de la philosophie indienne sont appliqués dans l'attitude quotidienne avec méthodologie et devraient l'être bien plus en occident aussi pour permettre de mieux comprendre les comportements humains dits "inhumains", ou les "brisures d'être" au quotidien face à un corps et un mental désaccordés et privés du lien de la vie spirituelle qui est souvent la clé de la récupération de la force vitale dans une réalité bien matérielle et physique. 

C'est tout l'intérêt de ma présence ici dans la perspective du yoga intégral développé par Sri Aurobindo.

Bref, je suis arrivée au jardin dans une ambiance plus qu'agréable, chargée de bonne énergie. C'était tout bonnement magnifique: sculpture sur sable, kolams multicolores.


C'étaient les derniers moments de préparation, plein de petites mains s'agitaient à peaufiner la présentation de l'autel dédié à Mother et Sri Aurobindo,




à poser dans des bassines les simples outils des travailleurs, disposer les citrons près des roues des véhicules,s'appliquer les poudre sur les fronts, peindre, décorer les voitures, tracteurs, vélos...


 







Tous les travailleurs et nous-mêmes nous sommes installés à terre sur des petits tapis devant l'autel et le maître de la Puja a commencé à entonner de magnifiques chants et paroles en Sanskrit repris par les hommes et les femmes. J'ai eu la chance d'avoir juste à mes côtés un chanteur solo -qui est celui qui fait aussi les sculptures au sol- puisque j'enregistrais ce magnifique moment avec mon petit mp3 posé sur mes genoux. Je me souviens que l'an passé, ce même homme m'avait fait pleurer la première fois que je l'avais entendu et c'est ainsi que j'avais découvert par la suite ses multiples talents d'artiste qui ne s'expose guère que dans le huis-clos d'humbles petites fêtes ashramiques.

Je trouvais très beau le conducteur des voix, donnant à chacun une belle nourriture spirituelle. La photo qui suit a été prise après la puja, un moment que j'ai volé... pendant qu'il lisait ses textes sacrés.
( Cet homme est bien indien, il souffre comme beaucoup de dépigmentation de la peau.)


Suite aux chants, nous avons suivi les rituels autour des véhicules avec la pastèque creusée, emplie de produit inflammable, et les petites torches enflammant des petits fruits lancés autour.






Souvent la pastèque est écrasée à la fin, mais là les hommes sont partis l'éteindre plus loin dans ce majestueux jardin.

Retour sous le patio, près de l'autel, pour le don des mets: fruits ( pommes, raisins, grains de grenade blanche, banane, coco, sita, orange, pétales de riz et dal crus légèrement sucrés, un petit caramel, un gâteau très sucré présenté en boule, des graines de riz soufflés, un petit paquet de pois chiches cuits à la coriandre et un verre de Buttermilk fait maison.





Encore une fois, je n'ai pas résisté à une seconde photo volée, mêlant vie spirituelle et frugalité:


Tout se rapproche: le texte, la pomme...et moi!
Puis, un dernier rituel a eu lieu, très important: le départ des véhicules, roulant sur les citrons... J'ai choisi de filmer le tracteur ROUGE- certains comprendront pourquoi...une histoire de tracteur qui me poursuit...


Nous avons fini le plus simplement du monde en discutant, riant, échangeant, notamment sur les graines que j'ai rapportées d'Afrique et que nous allons tenter de faire pousser à la nurserie où je vais commencer à travailler la semaine prochaine.

Une nouvelle amie belge, Kate, m'a fait visiter le petit jardin aromatique adorable qu'elle est en train de développer et où pour l'instant on trouve 4 variétés de basilic dont le fameux tulsi, de l'aneth, de la menthe poivrée et de la citronnelle. Chose étonnante, l'espace était totalement sauvage et autour des arbres mourraient étouffés par la fleur " Harmonie" que j'ai mise dans un post précédent en photo. Tout a été dégagé et quelle ne fut pas la surprise en découvrant caché derrière, un magnifique banian - l'arbre sacré de l'Inde- qui s'est révélé dans toute sa majesté avec ses racines tombant des branches et profondément ancrées dans le sol, représentant les avatars des Dieux.





Tulsi





1 commentaire:

  1. belle journée autour d'un tracteur rouge enrubanné... d'euros... une seule personne peut comprendre cette phrase...

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