mercredi 23 octobre 2013

Un jour ici, un jour ailleurs

Très difficile d'exprimer ce qui m'arrive depuis mon arrivée... en fait, je réalise que je vis ancrée et bien sur la plaque un jour sur deux.. C'est comme si l'énergie d'un jour pourtant pas très extrême, épuisait la possibilité d'en avoir pour le jour suivant. 

Mais d'autres choses sont étranges car je perds aussi ce second jour le sens de l'orientation, je n'arrive pas non plus à cerner les mouvements, et j'ai même peur de circuler à vélo. La fatigue m'envahit peu à peu, comme si j'étais sous hypnotique et je deviens bonne à rien sauf à lire, à écrire et à chercher à me désancrer en me propulsant vers d'autres endroits, comme si ailleurs m'aiderait peut-être mieux à me trouver qu'ici.

Je déteste cela, sentir cette fragilité qui pour moi n'a pas de sens et n'est pas moi. C'est comme si j'étais terrassée par une force qui m'enveloppait et voulait me dire quelque chose, mais je n'arrive pas à être dans cette écoute car cela me fait souffrir...en fait je ne devrais pas en souffrir, et voir cela justement comme un message à décoder mais honnêtement, la saturation de mes sens est telle que je suis incapable de bien réfléchir, incapable de bouger, incapable de me reposer, je me sens à ces moments déprimée, fatiguée, et totalement stupide.

C'est le mauvais moment pour prendre toute décision... puis en plus ces jours-là, j'ai un fort besoin de sucre et parallèlement, mon estomac s'étouffe avec quelques crudités. 

De même, les gens ne se comportent pas avec moi de la même façon, je sens du retrait, une fermeture, limite un côté désagréable comme ce matin chez ma marchande de fruits bio qui n'a pas aimé que je lui dise que ses papayes n'étaient pas mûres... mais je les avais commandées donc je devais les prendre... idem, je lui ai demandé un concombre de plus, j'ai cru la défriser... Déjà avant-hier, elle faisait la gueule parce que je n'avais pas la monnaie- elle non plus surtout!- il a fallu que je me démerde pour aller en faire chez les commerçants autour... du coup je me sens mal à l'aise avec elle, et comme c'est le seul lieu où je peux acheter bio, franchement, ça m'énerve même si je lui ai quand même dit d'être un peu plus aimable... Je suis sortie fatiguée avec un sac à dos de deux tonnes, et je n'avais qu'une envie, tout balancer et arrêter de manger à vie... c'est vrai, c'est chiant de devoir toujours se soucier de ce que l'on doit mettre dans le ventre...L'essentiel c'est surtout de retrouver une stabilité globale, et tout ce que j'apprends me perturbe évidemment, et je dois sans cesse remettre en question des attitudes, habitudes passées et c'est vrai que certaines étaient confortables. Elles viennent parfois me rattraper avec des petites voix insolentes, je dois les chasser et leur dire que j'ai changé et que rien n'y fera, je ne ferai pas marche arrière.

Mais cela embrouille mon cerveau qui je crois est saturé d'informations, réflexions et je n'ai qu'une envie, me poser sur une plage tranquille, sans personne qui viendrait m'emmerder. Ici, c'est juste impossible. 
Alors, voilà, je me sens bloquée, fatiguée, incapable d'aller visiter d'autres lieux et en plus je n'en vois même pas l'intérêt. C'est ici que je dois apprendre à me poser, comme partout au final.. Flight or fight... les deux mon colonel! 

Je vois aussi que comme je n'arrive pas ces jours-là à avoir l'esprit clair, je ne peux pas parler, alors je me referme, et les autres autour me gênent, alors qu'ils vivent comme le jour où tout va bien... du coup, je me dis, allez, demain c'est le jour de la Lumière... et je me replie sur mes lectures... ou pas... là je crois que je dois juste me reposer...de ne rien avoir fait, car même la prof de danse indienne s'est plantée sur mon jour....

Par contre hier soir, j'ai eu encore un magnifique cours de yoga: pour l'instant, aucune déception, et là ça tombe bien, le prochain jour est sensé être un jour Ombre, et avec un peu de chance ça va m'aider à enchaîner deux jours corrects.

J'en suis venue à rajouter des jours de travail au jardin car c'est au moins un temps qui structure ma journée, me fait respirer un bon air et me donne un éventail de couleurs pour peindre ma journée...

Je mets ici, quelques extraits de mes lectures d'hier : 






J'essaie vraiment de mettre en application ce que je ressens possible et bon pour progresser. Parfois la lumière se tamise, mais je sais que c'est le parcours normal dans toute Saddhana.

Maintenant que j'ai fini le livre dont les extraits sont issus " Harmonie intérieure", je vais entamer celui-ci qui je pense va apporter beaucoup d'eau à mon moulin pour continuer à comprendre les causes et les formes de toutes mes résistances...et de ceux des autres:



Ce livre est introduit par deux poèmes de Sri Aurobindo qui est l'un des plus grands poètes du siècle dernier mais étonnamment, ça ne s'ébruite que d'un côté de l'humanité...pas la pire ! 



Tout ce qui transparaît sur la terre et tout ce qui est au-delà
Fait partie d’un plan sans limites
Que l’Unique garde en son cœur et seul connaît.
Ce qui nous arrive au-dehors porte sa semence au-dedans
Et même ce Destin sans ordre qui imite le Hasard,
Cette masse de conséquences inintelligibles,
Sont le graphique muet de vérités qui œuvrent, invisibles :
Les lois de l’Inconnu créent le connu.
Les événements qui façonnent l’apparence de nos vies
Sont le message codé de pulsations subliminales
Que rarement nous surprenons ou vaguement sentons,
Ils sont l’effet de réalités refoulées
Qui émergent à peine au jour matériel :
Ils naissent du soleil des pouvoirs cachés de l’esprit
Se creusant un tunnel au travers de l’urgence.
Mais qui va sonder le gouffre énigmatique
Pour apprendre quelle nécessité profonde de l’âme
A déterminé l’acte fortuit et sa conséquence ?
Absorbés dans une routine d’actions quotidiennes,
Nos yeux sont fixés sur une scène extérieure ;
En entendant craquer les roues de la Circonstance
Nous nous interrogeons sur la cause cachée des choses.
Sri Aurobindo

Nos mouvements conscients ont des origines scellées
Mais avec ces lieux pleins d’ombre, ils ne conversent point ;
Nulle compréhension ne relie les parties de notre être, pourtant camarades ;
Nos actes émergent d’une crypte que notre mental méconnaît.
Nos profondeurs les plus profondes s’ignorent elles-mêmes ;
Notre corps même est un magasin de mystères ;
Comme les racines de notre terre se cachent, furtives, voilées, au-dessous d’elle,
Ainsi s’étendent, invisibles, les racines de notre mental et de notre vie.
Nos sources sont tenues très cachées, au-dessous, au-dedans :
Nos âmes sont mues par des puissances derrière le mur.
Dans les régions souterraines de l’esprit
Une puissance agit sans se soucier d’un sens ;
Employant des greffiers et des scribes sans pensée,
Elle est cause de ce que nous pensons et sentons.
Les troglodytes du Mental subconscient,
Interprètes mal formés, lents et balbutiants,
Conscients de la seule routine de leur tâche,
Occupés à tout enregistrer dans nos cellules,
Dissimulés dans les caches subliminales
Au milieu d’une obscure machinerie occulte,
Captent de mystiques signaux morse dont la cadence rythmée
Transmet les messages de la Force cosmique.
Un murmure tombe dans l’ouïe intérieure de la vie
Et se répercute dans les sombres cavernes inconscientes,
La parole bondit, la pensée palpite, le cœur vibre, la volonté
Répond, et tissus et nerfs obéissent à l’appel.
Nos vies traduisent ces subtiles familiarités ;
Tout est le négoce d’un Pouvoir secret.
                                               Sri Aurobindo

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