mardi 8 octobre 2013

Vrac Anses de départ

Bon, là, j'aurais aimé écrire au fur et à mesure, mais entre l'horrible chaleur qui met la tête en mode sac sans oxygène, les coupures d'électricité récurrentes qui m'obligent le soir à vivre avec la torche frontale, les moustiques qui attaquent dans la salle de connexion, je préfère différer et réfléchir au contenu et y passer le moins de temps possible!

First, j'ai un peu de mal à l'adaptation physique, il fait vraiment une température caniculaire la journée, je fais tout à vélo dans le bruit, la poussière et cela me demande tellement d'énergie sans que j'en ai conscience, qu'arrivée le soir, mon corps me joue des tours: oedèmes, muscles qui se coincent, nausées... Cela dit, je suis carrément surprise de ma capacité à rouler à gauche dans le bordel indien sans me faire gnaker frontalement et simultanément des deux côtés: serait-ce la révélation d'une circulation adaptée à la gauchère que je suis ? J'ai comme un ordinateur dans le cerveau qui prend les choses via les sens en laissant tomber tous les codes - enfin!- et je joue l'anguille mais avec beaucoup de vigilance aussi... mais je m'aperçois que je n'ai aucun stress à faire cela, alors que l'an passé j'avais peur de tout...je sais que je fais un énorme travail sur moi de ce côté là, donc c'est l'effet appliqué sans doute de cette nouvelle gestion...

Par contre je pense ne pas encore être apte à sentir mes limites... en ai-je seulement? Merci donc peut-être à mon corps de me le rappeler mais pas au moment idoine tout de même!

La nuit c'est aussi la fête: les gens parlent, font du bruit et hurlent une bonne partie, puis le ventilateur fait un ronron insupportable et se mêle à l'ostinato de l'Océan qui est assez mouvementé en ce moment. les vagues s'éclatent sur les rochers ( ok, ça fait rêver mais en fait, c'est vraiment un gros bruit quand on a envie de dormir et que le cerveau découpe tout ce qui s'agite avec la difficulté à faire le calme...) et quand je parviens à m'endormir, les bateaux des pêcheurs s'élancent moteurs à fond, claquant sur la cime des vagues et c'est parti mon kiki jusqu'au petit matin. Le soleil entre directement dans la chambre très tôt et là je suis encore bien contente d'avoir mon masque à yeux.

Côté alimentation, version positive: j'arrive à trouver petit à petit des petits marchands super sympas, honnêtes, qui vendent leurs fruits et leurs légumes à prix correct et donc je commence à savoir jongler avec les prix et à dire parfois/souvent " Adu Rombè vélè" = c'est trop cher en Tamoul... d'ailleurs j'attends que l'Alliance française m'appelle car je vais faire partie normalement d'un groupe d'étudiants désireux de moins patauger avec le tamoul parlé...qui aime danser la gigue en fonction de ceux qui le parlent, mêlant l'anglais non-anglais et certainement d'autres formes méconnaissables...d'ailleurs les indiens non natifs pigent que dalle aussi! Mais bon, voilà je commence à faire ma petite liste: annasipalam= ananas ; vallèpalam=banane, papallipalam=papaye; élumitchanpalam= citron vert ... Je ne me lance pas dans l'écrit qui n'a aucun lien avec l'oral sinon je meurs sur place...d'incompétence. En plus, les indiens parlent trèèèès vite, donc finalement, la langue des signes, un peu d'anglais, et la recherche d'indiens parlant un peu l'anglais aide beaucoup pour l'instant. Mon anglais aussi évidemment n'est pas au top, mais là aussi je progresse jour après jour...

Je me suis acheté sur le super marché du dimanche un outil indispensable aux crudivores: une mandoline made in China pour 50 roupies ( moins de un euro)...du coup je peux me faire de jolies salades. De plus un nouveau magasin vient de s'ouvrir plus près de chez moi où l'on peut acheter des denrées bio ( chères), du vinaigre balsamique, et quelques produits essentiels..;
Du coup ça donne ça:

Et pour le petit déjeuner c'est plus simple car en général je me lâche aussi un peu sur les fruits en cas d'insomnies: mal de compenser fatigue par du sucre mais pour l'instant c'est tout ce que je trouve pour me calmer car le reste mode zen ne marche pas!

Ces jus de fruits en brick franchement sont super bons, et le prochain que je vais acheter est aux épinards concombres: ça ne remplace pas le frais mais je n'ai pas de juicer et j'ai l'opportunité de pouvoir bénéficier d'un coin de frigo en partage avec 12 personnes ( petit frigo donc place à occuper sinon t'en as plus!)

Côté négatif: C'est épuisant la course à la bouffe, le poids des fruits et légumes dans le dos pour le retour, le temps passé encore à préparer...mais bon, au moins j'ai ce que je veux...ok, ça peut être dommage de ne pas manger la nourriture des restaus, de l'ashram, de la guest house car évidemment, ça sent super bon car ici les épices dépassent l'espace de la cuisine et ça envahit les narines...mais bon, que reste-t-il en minéraux, vitamines, en bon pour le corps lorsque c'est assimilé ? Pas grand chose... mais je pense que lorsque je serai posée, pour ne pas tout de même passer à côté - même si je connais quand même déjà un peu par l'an passé- j'inviterai mes amis indiens, notamment de l'ashram qui n'ont pas de sous- au restaurant et me ferai plaisir par le partage... Mais une à deux fois par mois, ça m'ira...pas plus.

Autre côté négatif et pas des moindres: je stocke dans ma chambre, et tous les matins c'est l'invasion par les fourmis: elles sont atroces, elles trouent les sachets en plastique et me dévorent mes amandes, mes dattes, puis hop, pèlerinage dans les bananes jusqu'au Dieu pruneau... Mais le matin, la déesse Kali débarque et les broient et les noient sans pitié et là je peux vous dire que je ne suis plus VEGAN ( merde quoi, à chacun son espace...)

En parlant de mes amis, j'ai retrouvé la petite famille de ma rue, ceux qui vivent à 6 minimum dans je ne sais pas...peut-être 6-9 m2... ceux qui prenaient la flotte l'an passé, vivaient avec les rats, les enfants dormant au milieu, protégés par les parents, le papa regardant sa jolie petite poule pondre ( voir mon premier blog..) C'est le père qui m'a reconnue, il a carrément couru vers mois, appelant très fort sa femme qui est arrivée avec un sourire mais un sourire impossible à décrire ! Ils sautaient presque sur place dans  la joie de me revoir! Franchement j'ai été super émue. Ils ont piqué des bâches de festivals à la municipalité et ils les ont enroulées sur leur toit pour se protéger de la mousson qui arrive, ainsi que ceux des voisins qui sont attenants et vivent de la même façon. En début de rue, ces gens ne sont pas pêcheurs, ils vivent plus misérablement donc. Mais j'ai la chance dans cette rencontre qu'ils parlent mieux que la plupart de mes rencontres l'anglais! Donc voilà, on va se revoir, partager des petites balades tranquilles dans la ville et peut-être que je leur proposerai une autre sortie un peu plus loin dans le temps si les atomes continuent de passer aussi bellement.. mais je suis vraiment ravie par cet accueil. Par contre, encore une fois, ils m'ont répété que j'avais trop maigri et blablabla... C'est dingue parce qu'ils sont entourés de gens hyper maigres mais chez moi ça ne passe pas..donc ils veulent tous me faire manger et m'inviter à cela... ( touche ESCAPE pour l'instant)

Côté soirée, pour l'instant je ne sors pas trop quand il fait nuit car je suis épuisée par mes journées, mais je l'ai fait une fois car il y avait beaucoup de musique à distance et j'ai donc voulu aller voir...euh...comment dire, j'ai cru juste perdre mes oreilles et me noyer dans une bain de foule...l'an passé je n'avais pas eu cette impression mais là, il  y avait comme en Occident le concours Talents 2013, donc j'ai vu des forcenés de karaté couper avec leur front une pile de brique sur le ventre d'un homme épais comme un carrelet  tendu dans le vide la tête posé sur une chaise, les pieds sur une autre ( déjà il faut le faire! ), puis beaucoup de blabla à la tamoul entre chaque représentation avec des films en bande-annonce de grosses poursuites à moto,musique à la bollywood...enfin, bref, fallait un peu s'y tremper sinon c'est pas drôle! 
Plus loin, les hommes déguisés en ange guignol ou en femmes s'éclataient tout seuls parce que bon dans l'assemblée ça ne semblait pas générer beaucoup d'émotions non plus! Là je suis partie en courant au bout de 10 minutes...
( quand même!)

Mes démarches: j'ai eu un pass  à ma guest house, j'ai filé à vélo vers le Bureau central situé de l'autre côté du canal, j'ai obtenu après quelques questions mon pass ashram. De là j'ai dû aller de l'autre côté au département d'éducation physique de l'ashram obtenir mon pass " Playground" pour avoir le droit d'assister et de participer aux méditations collectives très tôt le matin et plutôt tard le soir... Bon franchement, moi ça ne m'a jamais aidé d'être noyée au milieu de gens assis en grenouille qui se mouchent souvent...ça me perturbe, je préfère le faire seule dans ma chambre, la durée souhaitée: celle qui me convient, celle où je ne fais pas semblant... et où j'attends que l'heure tourne pour me lever...

J'avoue ne pas non plus avoir l'équilibre physique, mental et psychique encore pour avoir envie de me leurrer ou de leurrer les autres donc mon ressenti, le temps de ce dernier est clairement individuel même si je ne nie pas que l'énergie collective peut aider aussi à se poser...


 

mais j'ai trop peur de ne pas être apte à gérer la situation donc j'attends encore...

D'ailleurs, je lis des Entretiens de Mothers, et sa façon d'analyser l'art de la méditation me plaît bien, je tente de laisser un extrait ici, en espérant que cela sera lisible...





Je suis allée aussi trouver la personne responsable du Jardin de l'ashram et elle m'a demandé de venir trois fois par semaine: comme c'est très fatiguant pour moi encore, j'ai négocié deux fois par semaine pour commencer ce qui a été accepté. Elle était ravie de me revoir également...c'est grâce à cette "belle" femme que j'aime à nouveau mon anniversaire, ceux des autres, et que je sais combien ce jour si sensible à chacun est la possibilité de générer un nouveau cycle à condition de l'accepter et d'en recevoir les vibrations...et d'aider l'autre aussi à les recevoir... ( voir les écrits de Mother à propos du Birdays'day)
Donc jeudi, je me lève trèèès tôt pour aller retouver mes fleurs...divines...et me retrouver dans le silence du temps passé à les cueillir pour le Samadhi de Sri Aurobindo, les autres départements de l'ashram avec la mise en bouquets qui est tout un art...

Autre démarche et pas des moindres: se débrouiller pour acheter une carte sim indienne, prendre un forfait local et un pack messages! Toute une aventure à chaque fois, mais j'ai mieux géré aussi que l'an passé même si j'ai dû faire répéter le vendeur au moins 100 fois car son anglais était avec l'accent tamoul et le débit tamoul! Bref, ça y est, je peux communiquer avec mes amis anciens et futurs et envoyer 200 sms par mois pour 38 roupies c'est à dire même pas 30 cts d'euros...

J'ai été aussi introduite dans un lieu non ouvert aux touristes car je connais un ashramite qui y travaille: la presse de l'ashram où sont imprimés tous les livres pour le développement de la communauté donc à forte dominante spirituelle, et notamment l'impression des écrits de Mother et Sri Aurobindo. Il faut savoir que la Mère Divine en Inde est l'équivalent de la Vierge Marie en France. Mais qu'il y a une chose très importante à savoir: Mère et Sri Aurobindo ne sont en aucun cas pour la RELIGION! Bien au contraire, le culte qu'on leur voue est typiquement un comportement qu'ils ne souhaitaient pas: ils étaient juste vecteurs de conduite individuelle et collective pour mieux se connaître, agir et non pas penser que l'homme le plus spirituel est celui qui reste en position yogique et en récitant des mantras toute la journée...Je fais abrupte là, mais la recherche du divin pour eux est une  démarche extrêmement personnelle et non individuelle ( EGO à bannir) qui par sa force créera un changement collectif, mais pas une démarche collective et factice qui laissera croire au développement spirituel et humain de chaque individu... C'est donc dans la pratique de ce qu'ils nomment le yoga intégral, que l'être peut petit à petit s'élever et prendre les forces divines sans imploser ou exploser... cela peut être assez violent car chaque homme combat en lui des forces plutôt destructrices et pour s'élever il faut savoir les reconnaître, être très conscient de ses actes, erreurs, conduites en permanence pour ne pas y retomber et aussi justement avoir une bonne santé physique, morale, psychique pour pouvoir accueillir la force belle et conductrice de la vie spirituelle...Ce n'est pas simple...cela explique aussi l'insincérité de beaucoup d'hommes qui se disent supérieurs par leur pratique: Or, comme l'écrit Mother, ce n'est pas la pratique et l'image de cette pratique qui fait l'homme meilleur: c'est l'absence totale de mauvaise foi... et donc un homme qui n'a pas l'image incarnée de l'homme méditant, mais qui fait avec sincérité et amour et correctement ses actes même quotidiens envers soi et les autres, aura une plus haute valeur spirituelle que celui qui après avoir médité restera con dans le quotidien! ( Tant qu'on est humain et on l'est tous, on aura toujours une part de cela à travailler...mais on peut être fragile, se tromper en toute sincérité et ça se n'est pas mauvais, dès lors où l'on en a CONSCIENCE et que l'on cherche ses PROPRES REMEDES...toute sa vie, on chemine...)

On a le droit d'être beau et aimable même si la nature nous a envoyé beaucoup de vent dans la vie et a fait de nous un être un peu tordu et agité...du moment que l'on tient... et que l'on garde le cap.

1 commentaire:

  1. et oui analyser objectivement nos pensées et nos actes ce qui nous fait évoluer (changer constamment) comme le vent ...ce doit être pour ça que j'aime les paysages de la clape autour de Narbonne ,les pins parasols tordus et si beaux.

    RépondreSupprimer